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Enquête sur le comptage des manifestants
Méthodologie d'enquête
L'enquête
Nous sommes cinq étudiants en master Communication, Médias et Industries Créatives à Sciences Po : Aléasaou Fadonougbo, Julien Faure, Taysir Mathlouthi, Marion Maringe et Oriane Melchi.
En octobre 2020, à l'occasion d'un cours de sciences sociales intitulé "Cartographie des controverses", nous avons débuté une enquête sur le sujet complexe du comptage des manifestants. Au bout de huit mois de recherche, de réflexions, de questionnements... et la réalisation de sept entretiens, nous avons aujourd'hui une vision plus précise de cette controverse qui occupe une place particulière dans la société française.
Afin de cerner les différents contours du sujet, connaître les acteurs, leurs positionnements et les différents arguments mobilisés, nous nous sommes référés à la littérature grise, aux publications scientifiques et aux articles de journal. Des lectures telles que celle de Bruno Latour intitulée « Le “pédofil” de Boa Vista - montage photo philosophique » nous ont permis de dresser un tableau des dispositifs en fonction des acteurs qui comptent en France. Le texte de Madeleine Akrich intitulé « L’analyse sociotechnique » a éclairé notre perception de ce qu’est un objet technique, tel qu’un dispositif de comptage de manifestants. Au sein d’un tel objet sont contenus divers enjeux sociaux, politiques, scientifiques et c’est en passant par l’analyse de ces objets techniques qu’une vision de leur environnement peut apparaître.
Un rendu intermédiaire écrit d’une soixantaine de pages réalisé en mars 2021 nous a permis de rassembler divers éléments concluants pour la problématisation de notre enquête. En effet, une chronologie organisée de manière analytique permettait de dégager les grands enjeux de l’histoire du comptage. Puis l’exploration de la littérature scientifique et académique liée à notre sujet a été résumée. L’angle sociologique révélait les diverses critiques qui avaient pu être faites envers certains acteurs ou bien le rôle que le comptage pouvait avoir dans l’affirmation d’un groupe social entre autres. L’approche politique nous a aidé à préciser les différents sens que le terme « politique » prenait suivant les angles de l’enquête. Aborder les notions de statistique, technique et physique nous a accompagnés dans la compréhension de la pratique du comptage, des réponses concrètes qui ont pu être apportées à des questionnements liés à ce que signifient compter, manifester, évaluer une méthode. Enfin les tentatives de schématisation de notre propos à travers des tableaux, des graphiques, aidait à prendre un recul nécessaire pour raconter l’enquête et la rendre intelligible.
Les entretiens
Afin d'en apprendre plus sur l’évolution de la controverse, le positionnement passé et actuel des acteurs et par conséquent approfondir notre étude, nous avons entamé une série d’entretiens qui a duré plusieurs mois. Malgré la situation sanitaire (qui a limité nos possibilités d’obtenir des entretiens), nous avons pu réaliser plusieurs entretiens, en Visio tout comme en présentiel. L’enjeu pour nous a été de varier le profil et l'appartenance socio-professionnel de nos interviewés afin d’embrasser le plus largement possible la controverse. Ceux-ci nous ont permis d’enrichir notre développement sur la controverse, de découvrir d’autres aspects du sujet et de combler les vides présents dans notre dossier intermédiaire. Nous avons donc abouti à un produit fini qui a donné lieu à la rédaction de ce site qui vous permet d’avoir une vue complète et illustrée sur le comptage des manifestants.
Au total, sept entretiens, dont un anonyme, ont été réalisés.
Pierre Muller
Ancien Administrateur de l'INSAEE et il fût Président de la Commission chargée d'évaluer la fiabilité des méthodes de comptage utilisées par la Préfecture de Police, les organisateurs et les médias.
L'entretien avec Pierre Muller a été très important pour, dans un premier temps, avoir une vision neutre sur la controverse. Dans un second temps, pour en savoir plus sur les grandes conclusions tirées par la commission après sa mission. Aussi, avons-nous pu recueillir son avis sur les différents désaccords qu’il y a eu dans la commission et la non mise en application des recommandations de ladite commission par les acteurs du comptage.
Pierre Bernas
Patron d'Evitech, il est concepteur et fabricant français d’outils d’analyse vidéo pour la “sécurité globale”. Nouveau partenaire du cabinet Occurrence depuis 2020.
Avec Pierre Bernas nous avons abordé les aspects techniques du comptage du cabinet Occurrence. Il nous a parlé du fonctionnement du dispositif vidéo et du fonctionnement de l’algorithme de ce dispositif que son entreprise Evitech fournit à Occurrence pour le comptage des manifestants.
Benjamin Silvestre
Directeur du pôle “Comptage des personnes” chez Eurecam, Ancien collaborateur / sous-traitant d'Occurrence.
Cet entretien nous a permis d'aborder le fonctionnement du dispositif technique (les capteurs vidéo) qu’Eurecam a mis par le passé à la disposition du cabinet Occurrence pour le comptage. Nous avons tout de même chercher à en savoir plus sur les causes de la fin des relations entre les deux entreprises.
Assaël Adary et Jocelyn Munoz
Ils sont respectivement Président et Chargé du comptage des manifestants chez Occurrence.
Ils nous ont tous deux parlé des débuts d’Occurrence dans le comptage des manifestants et les raisons de son engagement au côté de la presse. Ils ont aussi abordé leur méthode de comptage, la définition de leur marge d’erreur, leur mode “éthique” de redressement ainsi que leurs perpétuels efforts de transparence.
Thomas Legrand
Editorialiste à Radio France Inter, il est à l'origine du comptage de la presse assuré par le cabinet Occurrence. A travers son éditorial "Edito politique", il soutient et valorise les chiffres d'Occurrence.
Nous avons abordé avec Thomas Legrand l’origine du chiffre de la presse et les enjeux que cela soulève. L’éditorialiste nous a parlé de l’engagement de la presse et de son propre engagement pour un chiffre fiable et transparent. Il a également loué les mérites de la crédibilité du chiffre d’Occurrence (chiffre de la presse) et de la performance et des limites de son dispositif de comptage.
Le Nombre jaune
Le Nombre jaune est un mouvement issu des Gilets jaunes. Il est partie prenante de la controverse. A pour but de compter les gilets jaunes par les gilets jaunes et se veut avoir un chiffre plus réaliste.
Cet entretien nous a permis de comprendre l’essence, le mode de fonction et les missions que s’adonne le Nombre jaune. Le collectif a également abordé les relations qu’il entretient avec les autres syndicats/manifestants et avec la presse.